lundi 27 août 2012

Mon ascension du CERVIN-MATTERHORN (4478 M)



MON ASCENSION DU CERVIN-MATTERHORN (4478 M)
Pour fêter mon ½ siècle (on ne dirait pas, hein ?...), mon épouse m’a offert l’ascension du CERVIN  ou MATTERHORN (4478 M). Cette montagne est, pour moi, l’une des plus belles (non seulement parce que j’adore le TOBLERONE, quoique …) et un sommet mythique et emblématique.


 Selon le:  il s’agit l’une des classiques les plus difficiles des Alpes. C’est une course mixte (roche et glace) qui exige une excellente forme physique et de l’expérience de l’escalade en altitude avec et sans crampons. 60 % des prétendants arrivent au sommet. 60 % des prétendants arrivent au sommet.
Le décor est donc planté et la pression est de mise !!!
Initialement, j’avais programmé un séjour en France à PRALOGNAN-LA-VANOISE (du 17 au 24/08) pour participer au trail du TOUR DE LA GRANDE CASSE (65 Km et 3850 M D+) le dimanche 19/08 et enchaîner avec l’ascension du CERVIN les jours suivants.
Après discussion avec mon guide CANYON (Bernard FAVRE) et afin de profiter de la fenêtre météo actuelle et idéale, je décide de faire l’impasse sur le trail et d’effectuer, à la place, l’escalade de la GRANDE GLIERE (3392 M) surnommée le  CERVIN de PRALOGNAN. En effet, ce sommet présente des caractéristiques semblables au « vrai » CERVIN (roche et escalade). Cela me permettra ainsi de me familiariser à nouveau avec la progression sur glacier, avec l’escalade en crampons et la désescalade.
La suite de l’histoire confirmera le bienfondé de cette renonciation au trail !!!




Dimanche 19/08 : GRANDE GLIERE (3392 M) :

La journée débute à 0530 Hr.

Depuis  le refuge des BARMETTES (2010 M), et via la SECHETTE, nous rejoignons à pied la base du Glacier de la Glière où nous chaussons les crampons et sortons le piolet.

Après avoir remonté le glacier, c’est l’attaque du col de la Glière (bien « pourri ») et l’ascension proprement-dite de la GRANDE GLIERE. Ambiance aérienne garantie (pour moi petit Belge du Plat Pays…).

Arrivée au sommet à 3392 M vers 1130 Hr où nous rejoignons une autre cordée de 2 alpinistes. 

Longue pause « photo » et casse-croûte avant d’entamer la descente par le même itinéraire. La désescalade n’est pas trop mon « truc » mais je gère.

Retour aux Barmettes  vers 1600 Hr, mettant ainsi fin à une longue, belle, fructueuse  et fatigante journée (10 hr 30 d’effort et 1570 M de D+ et autant de D-).
Bon entraînement pour le CERVIN et, plus tard, pour la Diagonale des Fous à LA REUNION (je pense…).
Lundi 19/08 :


Rien, je ne fais rien (qui a dit « fainéant » ???). Je m’économise, avec raison, pour le CERVIN. Je ne suis pas une « bête » et l’avenir proche me donnera raison (et j’ai très bien fait de ne pas avoir couru le TGC).

Mardi 20/08 : départ pour :

ZERMATT se situe, par la route, à +- 260 Km de PRALOGNAN. J’embarque donc, à 0700 Hr, CANYON et nous prenons la direction de la SUISSE.  Nous stationnons la voiture dans le parking couvert du MATTERHORN TERMINAL à TASCH et nous embarquons dans le ZERMATT SHUTTLE pour rejoindre ZERMATT où les voitures sont bannies.

Dès la sortie de la gare, le CERVIN (MATTERHORN) daigne déjà nous présenter un bout de son nez !!! Je suis déjà subjugué !


Nous traversons ZERMATT (1605 M) pour rallier le téléphérique MATTERHORN PARADISE et embarquer dans la benne qui nous emmène à SCHWARZSEE (2580 M). On se renseigne sur l’heure de départ de la dernière benne (1650 Hr) pour le retour à ZERMATT, car, le lendemain, nous n’aurons certainement pas envie de redescendre tout à pied.
A pied et sous un soleil généreux, nous rejoignons  le refuge MATTERHORN-HORNLI HUTTE situé à 3260 M, juste au pied du CERVIN. Cela doit +- 4 Km et 700 M de montée, déjà !


Arrivée au refuge vers 1600 Hr. On s’installe dans les dortoirs, je règle l’hébergement (ATTENTION, PAS DE CARTE DE CREDIT) et, en attendant le repas du soir, on discute le coup avec  d’autres prétendants au sommet.

Info surprenante : les guides de ZERMATT partiront les premiers pour l’ascension et il est interdit de les devancer !!!!

Coucher vers 2100 Hr et le réveil est fixé à 0345 Hr.


Mercredi 21/08 : ascension du CERVIN par l’arête N-E (HORNLI) :

Nul besoin de réveil : le dortoir est déjà en ébullition depuis 0325 Hr. Un p’tit –déj peu copieux est vite avalé et, à 0415 Hr, les guides de ZERMATT encordent leur client respectif (1 guide pour 1 client) dans le refuge-même et, dès l’ouverture de la porte, c’est le « rush » vers le pied de la paroi. Incroyable, quelle course.


CANYON m’encorde en vitesse et nous filons, frontale allumée, à la suite des furieux de ZERMATT.
Au pied de la paroi, nous devons nous situer au milieu du peloton !!!

Nous attendons ¼ Hr avant de pouvoir vraiment attaquer la paroi qui n’est accessible que via une grosse corde fixe. Sitôt ce passage opéré, la progression se déroule ç une cadence folle (pour moi) et je tire déjà la langue, cela promet !



Vers 0615 Hr, au lever du jour, la frontale n’est plus nécessaire. La cabane SOLVAY, située à 4000 M, est en vue, à notre verticale.


Nous y arrivons vers 0640 Hr. Le panorama est superbe.

 

 
 Nous repartons quasi de suite pour rejoindre, vers 0745 Hr, l’épaule du CERVIN où nous chaussons les crampons, nous enfilons une veste plus chaude et nous empoignons notre piolet. Nous avons une vue imprenable sur la face NORD. Quel toboggan !


C’est reparti et cela devient de + en + dur mais le sommet est en vue. Ce dernier est atteint vers 0900 Hr, après 0430 Hr d’effort.

La crête sommitale est étroite et est balayée par  de fortes rafales de vent, m’obligeant parfois  à me mettre à 4 pattes pour  ne pas être déséquilibré.

  Magnifique point de vue sur tous les sommets environnants : MONT ROSE (4634 M), STRAHLORN (4190 M), ALLALINHORN (4027 M), DENT BLANCHE (4357 M),  etc… 37 autres sommets de + de 4000 M nous entourent ! 






Nous restons très peu de temps au sommet car ce n’est pas terminé : il faut redescendre maintenant et ce n’est certainement pas le plus facile !!! Je n’ai pas le temps d’envoyer un message à mon épouse pour lui annoncer les faits !!!

N’oublions pas que la dernière benne à SCHWARZSEE démarre à 1650 Hr….

Cette descente représente un réel problème pour moi : j’ai un peu mal à la tête et je ne suis pas trop à l’aise. CANYON est vraiment sympa car il ne me met pas la pression au vu de l’horaire à respecter.
Tantôt je descends en moulinette, tantôt en désescalade face au vide.

Enfin, vers 1540 Hr, nous atteignons le refuge, après 0620 Hr de descente (l’horaire normal est de +- 5 Hr…) et +- 1130 Hr d’effort et de concentration.

Je récupère quelques affaires que j’avais laissées au refuge et une nouvelle course contre la montre recommence : embarquer dans la dernière benne de 1650 Hr qui nous ramènera sans effort à ZERMATT et qui nous évitera d’ajouter 900 M de D- et 4,5 Km à notre compteur !!! Vite, un  message pour rassurer ma Véro !

C’est gagné : on arrive pile à 1645 Hr à SCHWARZSEE. Je respire !

Nous débarquons à ZERMATT que nous retraversons pour rejoindre la gare ferroviaire.

Sur la place, CANYON  me réserve une petite surprise : avec un air solennel, il me remet une médaille « MATTERHORN BESTEIGER » consacrant la réussite de mon ascension. Merci CANYON, c’est ultra-sympa et je suis très touché !

Nous célébrons cet « événement »  en dégustant  une grosse chope de bière valaisanne à la taverne de la gare. Santé CANYON et encore merci ! Et dire que 2 Hr plus tôt, nous étions encore au refuge 1600 M + haut !


Nous reprenons le train pour TASCH à 1820 Hr où nous retrouvons la voiture. Nous pouvons, enfin, enlever nos grosses « godasses » et laisser nos pieds respirer. Par contre, quel fumet : le coffre de la voiture est « infecté »…

Retour vers PRALOGNAN après avoir, en cours de route, englouti une fameuse pizza à TURTMANN, dans la vallée du RHONE.

Après avoir évité un sanglier et un renard dans les gorges de l’ARLY et écrasé une souris suicidaire, nous arrivons vers 0040 Hr.

Je dépose CANYON  à son domicile et je rejoins mes pénates pour une bonne nuit réparatrice . En effet, cela fera presque 2400 Hr que je suis réveillé !

CONCLUSION :
Merci à mon épouse pour ce fantastique cadeau et cette expérience inoubliable. Je me souviendrai de l’année de mes 50 ans !

Merci à CANYON de m’avoir « guidé » et permis d’accéder au sommet du CERVIN et, également, de ne pas m’avoir mis la pression pour que je puisse vivre pleinement et sereinement cette ascension !

Et je confirme qu’il faut être bien entraîné pour réussir cette course d’alpinisme. La description faite par le ZERMATT ALPIN CENTER n’est pas mensongère du tout. J’ai vraiment bien fait de ne pas avoir couru le Tour de la Grande Casse le dimanche 19/08 !!!

Voici quelques liens relatifs à cette expérience :

http://www.zermatt.ch/fr/

(BUFFALO) JOE